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Titre du blog : Quinze histoires de Noël
Auteur : MarioNoel
Date de création : 28-11-2021
 
posté le 16-12-2021 à 05:48:44

Le petit renne au nez rouge

 

 

 

PRÉSENTATION



Une histoire qui n’est pas de ma création, mais plutôt mon interprétation et des modifications de ce qui est célébré et chanté à chaque Noël, depuis 1949. Il s’agit de l’année de la première présence sur disque de cette chanson composée par John Marks et interprétée par Gene Autry, sous le titre Rudolph The Red-Nosed Reindeer. La première version française date de 1951, par la formation de France des Sœurs Étienne. Cependant, tout laisse croire que la version québécoise présentait un court passage différent, à cause de la phrase « Il aimait prendre un p’tit coup. » Quoi qu’il en soit, je vous apporte ici un grand secret relatif à la vie du père Noël.

 

 14 - LE PETIT RENNE AU NEZ ROUGE (2017)  

 

 

 

« Attention, le patron approche! » Les lutins se pressent aussitôt près de la porte d’entrée de l’atelier. « Mes bons et dévoués amis. D’abord, je vous félicite pour votre ardeur au travail afin de fabriquer tous les jouets réclamés par les enfants du monde entier comme présents de la fête du 25 décembre, que je livrerai pendant la nuit de ce saint jour, qui a vu le fils de notre ami Dieu venir au monde, voilà longtemps, pour informer les populations de la splendeur de sa philosophie. Je vous apporte d’autres demandes, reçues ces jours derniers. Il nous faut 1,354 bâtons de hockey de plus, 3,019 de baseball, 922 jeux avec Mario Bros, 5,290 poupées, 3,509 animaux de peluche, chiens et chats. Je sais que le temps presse, tout comme je n’ignore pas que vous aimez les petits enfants autant que moi. Au travail, mes bons lutins! Ah, j’oubliais : j’ai aussi reçu 534 demandes pour un petit frère et 831 pour une petite sœur, mais ceci, vous ne pouvez le fabriquer. Oh oh oh! »        

 

 

L’homme siffle une chanson de Noël en se rendant rapidement à l’écurie de ses rennes, car le chef de ce lieu l’a demandé d’urgence. En entrant, le gros homme se sent estomaqué d’entendre tout le monde pleurer, autant les rennes que les employés. Le capitaine de l’équipe sort avec son supérieur, pour lui apprendre le décès du renne femelle Paulinette.

 

 

« Voici une triste nouvelle. Elle excellait et tous les autres rennes la respectaient… Et nous sommes à douze jours du moment des livraisons. Ah, je crois que Jovial pourra la remplacer.

- Pas assez sérieux, père Noël. À mon avis, la solution est Rudolph, le fils de Paulinette.        

- Mais il est très jeune, sans expérience. Ce n’est pas une promenade ordinaire que je fais, la nuit de Noël. Il faut de la résistance, de la discipline.        

- Rudolph s’est montré doué, lors des essais. Je me porte garant de son excellence pour cette mission. J’aurai le temps de l’entraîner davantage.        

- Eh bien, allons voir cette merveille. »

 

        

 

 

En approchant, l’homme à longue barbe blanche entend des pleurs continus, puis se rend compte que ce renne a un nez rouge. « Petit défaut de naissance », de souffler le patron à l’oreille du père.

 

         

 

 

« Bonjour, Rudolph. Je suis le père Noël et…        

- Bou hou hou! Maman est morte!        

- Mes condoléances. Tout le monde sait comme j’adorais ta mère. Aimerais-tu la remplacer, pour la livraison du 25 décembre prochain ?        

- Maman est morte! Bou hou hou!        

- Je vois… Je reviendrai demain et nous en parlerons calmement. »

 

        

 

 

Le père Noël rentre chez lui pour se recueillir devant les saints ornements que Dieu lui a donnés, désireux que le Divin accueille Paulinette dans son paradis pour les animaux. Son épouse l’accueille avec le sourire, lui révélant qu’elle a préparé de la crème glacée aux cerises pour le repas. Cependant, l’annonce de cette tragédie fait perdre la bonne humeur à la femme, désireuse de prier en même temps que son époux.


          

 

 

« Nous avons reçu du courrier, comme à tous les jours. Nos lutins secrétaires sont en train de compiler les demandes en catégories, selon leur bonne habitude.        

- Elles doivent avoir hâte aux vacances de janvier, ces braves et dévouées amies.         

- Un petit Africain a écrit qu’il désire de la neige comme cadeau.        

- Ah,  mais c’est une requête inédite dans la cadre de ma longue carrière. Oh oh oh!

- Allons manger, mon gros chéri, sinon ta crème glacée va fondre.

- Je prendrais aussi un verre de Coca-Cola. »  

      

 

 

Pendant ces heureux moments matrimoniaux, dans le domaine des rennes, les pleurs ont cessé et le fait que le père Noël ait approché Rudoph sème la colère des autres rennes, qui, jusqu’alors n’avaient pas fait mention, ou si peu, de la présence du nez rouge de Rudolph, alors que sa mère était vivante. « T’es passé à la taverne pour prendre une bouteille d’alcool de trop, le jeune ? T’as une boule de sapin de Noël à la place du nez! Sors et ton nez va faire fondre la neige du Pôle Nord! Ah! Ah! Ah! Nez rouge! Ah! Ah! »

 

         

 

 

Le bruit de ces bavardages attire le responsable, ordonnant aux rennes de se reposer, au lieu de mener tout ce tapage. « N’oubliez pas que lors de la nuit du 25, vous aurez besoin de toutes vos forces pour tirer le traineau  magique de notre bon père Noël. Alors, du calme! » Les rennes obéissent, mais chuchotent entre eux : « Si le père Noël attelle Nez Rouge, nous déclencherons uns grève! »         Le lendemain, madame Noël décide de passer par l’écurie pour caresser Rudolph et ainsi le réconforter dans l’épreuve de la disparition de sa maman. Elle remarque surtout que ce nez particulier est lumineux. Après son départ, les rennes recommencent leurs moqueries, jusqu’à ce que le responsable se fâche, les menaçant de ne pas leur donner leurs bonbons, pour le repas du midi.        

 

 

En retournant à la maison, l’épouse croise son  mari, marchant rapidement. « Mon adjoint de Montréal est malade et ne peut participer à ma parade, organisée par le grand magasin et je suis incapable de rejoindre son remplaçant. Alors, je dois m’en aller là-bas d’urgence, pour ne pas que les petits enfants pleurent en assistant à la parade du père Noël sans sa présence. Je serai de retour au début de la soirée. »

 

        

 

 

Le père Noël n’a pas le goût de rire en constatant que son attelage, sans la présence de Paulinette, semble beaucoup plus lent. Il songe que cela pourrait causer un problème lors de la distribution des présents aux enfants. « Cesse de rire, Jovial! Ce n’est pas drôle! Hue! » Les rennes sont étonnés : le patron de mauvaise humeur ? Quelle rareté!

 

         

 

 

Pendant ce temps, Rudolph demeure seul dans l’écurie, verse encore des larmes à cause des moqueries méchantes des autres. Mais soudan, une illumination magnifique le fait sursauter. Il regarde et voit une superbe demoiselle, avec une baguette au bout des doigts. « Je t’ai entendu pleurer dans le noir. Pauvre petit renne au nez rouge! Pour te consoler, viens au Paradis, ce soir. Je passerai te chercher dès que le soleil sera couché. Je m’appelle Denise, une fée. Pauvre enfant… »


 Après la disparition de la jolie fée, Rudolph sourit largement, pensant que sa mère est obligatoirement au paradis et qu’ainsi, il pourra la revoir. La fée tient sa promesse. Elle s’installe sur le dos du renne, donne un coup de baguette magique et hop : le Paradis!

        

 

 

Quelles splendeurs! Tout parait si magnifique! Surtout le vert des arbres. Rudolph, né au Pôle Nord et n’ayant rien connu d’autre n’aurait pu imaginer une telle végétation! Il voit toutes les races d’animaux, dont l’apparence de certains lui fait peur,  mais qui semblent vivre en harmonie. « Il y a un autre Paradis, où vit Dieu et parmi des humains décédés, qui sont devenus des anges magnifiques. Notre Seigneur a créé celui-ci pour les animaux seulement. Je sais que tu rêves de revoir ta maman. Allons-y! »

        

 

 

Denise ne peut s’empêcher de créer un mouchoir d’un coup de baguette, afin de sécher ses yeux remplis de larmes de bonheur en voyant le jeune renne se presser vers sa mère. « Je suis ici parce que je fus une bonne bête, que j’ai aidé notre Maître le père Noël à rendre tant d’enfants heureux. Je sais que tu feras la même chose et qu’à la fin de ta vie, tu me retrouveras ici pour l’éternité. Je t’attendrai, fils. Cependant, laisse-moi te donner quelques conseils maternels dont le principal est de toujours te montrer bon et d’aimer et respecter le père Noël. » Autres larmes féériques quand Paulinette chante une mélodie à son garçon, recroquevillé contre sa chaleur.

         

 

 

 

Le temps a passé si rapidement! Rudolph retrouve son écurie, rempli de confiance face à l’avenir. « Merci, gentille fée, pour ces instants précieux. » Elle sourit avec ravissement. « Appelle-moi Denise, en toute simplicité. » Les autres rennes dorment, semblent exténués. À toute vitesse,  le père Noël raconte ce séjour à Montréal à son épouse, surtout pour évoquer les enfants rencontrés. Il le fait si vite qu’à la fin de ce compte-rendu, il semble autant exténué que ses rennes. « La présence de Paulinette a manqué. Tout me semblait sombre… Il faut la remplacer rapidement, car le temps de la prochaine mission approche. Je crois que je vais boire un bon thé glacé et me coucher. » Soudain, elle lui souligne qu’en matinée, lors de sa visite à l’écurie, elle a remarqué comme le nez rouge de Rudolph semblait scintiller dans l’obscurité du lieu. Le père Noël se redresse. « Tu as raison, chère épouse! Demain, Rudolph travaillera pour moi. Nous avons le temps pour quelques essais avec mes fidèles rennes. Ce nez rouge pourrait nous éclairer, nous faciliter la tâche. Que serais-je sans toi ? »


Avant de passer à l’écurie pour rendre compte de sa décision, le père Noël arrête à l’atelier pour informer ses lutins des récentes demandes de courrier : 8,312 automobiles téléguidées, 648 petites tablettes informatiques, 4,532 cordes à danser et 1,215 cerceaux, 4,813 bicyclettes pour filles et 3,281 pour les garçons, puis 1 singe de peluche. « Ils ont déjà été davantage populaires… Bon travail, précieux collaborateurs, oh oh oh! »

          

 

 

Rudolph sourit abondamment, sachant que le père Noël a écouté la recommandation de son épouse. Par contre, les autres rennes n’ont pas le goût de rire, surtout quand le patron annonce que Nez Rouge sera en tête du traineau. Le vétéran des rennes proteste immédiatement : « Mais il n’a aucune expérience! Il va provoquer des accidents! Tous mes amis ici présents méritent beaucoup plus cet honneur qu’un jeune qui n’est jamais sorti du Pôle nord! » On ne discute pas les décisions du gros bonhomme rouge. Quand il sort, les rennes grommellent entre eux, si bien que le chef de l’écurie les rappelle à l’ordre, avant de préparer le traineau magique.

        

 

 

« C’est tout de même fantastique de rendre tant de jouets invisibles et de les déposer dans une si petite voiture, puis de mémoriser toutes les adresses des maisons de ces enfants, transformer les jouets en réalité et les mettre dans sa poche! Quel honneur de travailler pour un homme si merveilleux! Bien sûr, nous avons l’aide de Dieu, mais, tout de même… Oh, comme ce traineau est beau. Je l’ai vu tant et tant de fois, pensant toujours que c’est une splendeur et… hé, les rennes! Cessez de murmurer entre vous! N’avez-vous pas honte d’ainsi mépriser le fils de notre Paulinette bien aimée ? » Le chef de l’écurie tousse un peu, battant du pied.

        

 

 

Le père Noël sourit curieusement, comme s’il se sentait gêné de faire face à nouveau à son traîneau, attelé avec soin, ne remarquant pas que les rennes semblent bouder, parce que Rudolph se retrouve au premier rang. Le jeune se sent un peu nerveux, comme s’il passait un examen afin de savoir s’il méritera le poste prestigieux ou non. Cependant, il sent dans son cœur, dans son âme qu’il connaît cette tâche importante, héritage de sa maman.

         

 

 

L’essai devient concluant pour Rudolph, mais le père Noël recommande aux rennes de se mettre en forme en vue du grand moment. « Peuh! Favori du patron! Nez Rouge voleur d’un poste qui aurait dû nous revenir! » Rudolph ne pleure pas face à cette remarque. Il sourit, remercie les autres et garde ses secrets pour lui-même : livrer des jouets aux enfants du monde entier représente un défi davantage exigeant qu’un essai de trente minutes… Mais il sait que la magie intervient, car sa mère lui en a parlé longuement. Il se souvient surtout de la joie de la disparue, au retour de chaque voyage. Le bonheur des petits devient aussi celui des rennes, de tous les lutins de l’atelier, de Dieu lui-même et même de Jésus. On raconte que ce dernier a déjà écrit au père Noël pour obtenir un jouet.         

 

 

Il y a des essais chaque jour. Le père Noël ne tient pas compte des petites maladresses de Rudolph, qui se corrigeront par moyen magique lors de la nuit du 25, mais il note surtout que le nez rouge brille beaucoup dans l’opacité, comme jamais ce ne fut pas cas jadis. Certains rennes l’admettent à basse voix.        

Le jour approche! Les lutins de l’atelier ne sont pas du tout exténués, mais ne refuseront pas le congé de janvier, car dès le mois suivant, ils devront se pencher sur la fabrication de jouets universels, en vue de Noël 2018. Le grand patron se sent fébrile. « Incorrigible! » de penser son épouse. « Ne prends pas trop froid et conduis prudemment. Je t’attends demain matin et je t’aurai préparé un bon gâteau avec glace au chocolat. »

        

 

 

 

Le discours du père Noël à son équipage émeut tout le monde. Le traineau s’envole, sous les applaudissements des lutins et de quelques anges, venus du Paradis en touristes. Rudolph, il ne  comprend pas trop bien pourquoi, sait où se diriger immédiatement. Quelle est ce prodige ? Comment le père Noël arrivera-t-il à livrer tous ces cadeaux à des milliers et des milliers d’enfants en une seule nuit, revenir le  matin et faire « Oh oh oh » tout en sifflant White Christmas. Rudolph craint un peu la première maison, mais reçoit des bons conseils des  rennes. Puis d’autres habitations, tant et tant, des villages, des villes, des pays et de voir le père Noël transformer les jouets invisibles et les déposer dans sa poche sans se tromper. Et les maisons sans cheminées ? Il n’y voit aucun problème! Heureux les enfants qui croient en lui! Les adultes qui s’en moquent rêvent secrètement au train électrique et à la maison de poupées reçus jadis.

        

 

 

Terminé ? Si tôt! Le père Noël dépose le traineau à bon port, caresse tous les rennes, mais donne un baiser sur le bout du nez de Rudolph. Les autres rennes en font autant et rentrent pour le repos et… non, pour la fête de la mission réussie, grâce à la lumière du nez de la recrue. « Du foin pour tout le monde! Et chantons ensemble : Le petit renne au nez rouge, ah comme il est mignon, son p’tit nez fait rire et personne ne s’en moque beaucoup. »